Michel Perrier

Daejeong, le 19 mars 2021

Avant-hier soir, Stephanie et moi avons regardé, à nouveau, une vidéo que mon ami Michel Perrier a enregistré à l’occasion de l’anniversaire de naissance de Stephanie le 17 mars 2020. Sur cette vidéo, Michel chantait la chanson Birthday des Beatles.

MICHEL PERRIER 20 juillet 1957 – 21 octobre 2020

Michel Perrier est décédé il y a tout près de cinq mois.  Il était mon ami.  Il avait 63 ans, mon âge.  Nous nous sommes connus il y a 51 ans, à Verdun, en 7e année.

Nous sommes devenus de bons amis cinq ans plus tard alors que nous avons tous deux été élus au conseil étudiant à l’école secondaire Richard à Verdun.  Plusieurs années plus tard, nous nous sommes obstinés sur lequel de nous deux avait reçu le plus de votes.  Nous nous sommes rapidement entendus qu’il y avait douze votes de différence entre nous; Michel argumentant qu’ils étaient en sa faveur et moi, en la mienne.  Ce que cependant nous nous rappelions très bien c’est que nous sommes arrivés premier et deuxième sur quatre conseillers généraux élus sur ce conseil.  Peu importe, parce que quoi que nous ayons fait le restant de notre vie, j’étais son second, il était le mien.

Les choses que nous avons découverts ensemble ou simultanément, ça ne s’écrit presque pas:  les filles, la musique, la vie nocturne, la drogue, la politique, l’esprit critique, l’engagement communautaire, et, surtout, l’humour et le rire.  À peu près tout souvenir que j’ai de Michel m’amène le sourire.  Quel sens de l’humour sec et sarcastique il avait!  C’est notamment avec lui que j’ai connu ce que c’était que d’avoir du plaisir… du fun.  Je ne sais plus combien de matins nous sommes entrés en même temps que le soleil se levait et Hélène, sa mère, était à la fenêtre.  Nous avons toujours dit que si nos enfants faisaient seulement la moitié de ce que nous avons fait, ils auraient beaucoup de plaisir et nous, on ferait une crise cardiaque.

Cet homme a toujours été un leader.  Il a d’ailleurs été élu “Maire du parc Poirier” lorsqu’il était petit garçon. Avant même que nous nous connaissions, Michel participait aux activités du terrain de jeu municipal local près de son domicile à Verdun. J’ai plus tard appris qu’à la fin de la saison estivale il y eu une élection parmi les jeunes pour choisir un maire. Eh bien, évidemment, c’est Michel qui fut élu. Cette anecdote est restée avec lui fort longtemps. On l’appelait encore Monsieur le maire à l’école secondaire.

Il a été élu conseiller municipal de la ville de Pincourt en 1993.

J’ai été élu conseiller municipal de la ville de Verdun en 1993.

Michel était un autodidacte.  Il a réussi sans diplômes collégial ou universitaire à devenir un cadre supérieur à Bell Canada et ensuite, et ce pendant plus de vingt ans, directeur général de la municipalité de Pincourt.

Comme moi, mon ami était un homme de famille.  Il a eu trois enfants et avait sept petits-enfants à son décès. Un huitième, Elzéar, est depuis arrivé. Rien de comparable pour lui que ses enfants et ses petits-enfants.  Nos enfants ont joués ensemble lorsqu’ils étaient petits.  Rien, mais rien, ne le rendait plus heureux que d’être avec ses petits même si quelques-uns d’entre eux ne sont plus tout à fait petits… et non, je n’oublie pas Sylvie, l’amour de sa vie!

Sylvie, Michel, Stephanie et moi avons toujours passé du bon temps ensemble, pleins de rires.  Malgré la distance géographique de ces dernières années, nous avons toujours conservé notre complicité.

Il y a maintenant près de vingt ans, nous nous réunis, avec quelques autres amis, à Essipit pour observer les baleines.  Tante Marie, la grand-tante de Stephanie était avec nous.  Elle avait un peu plus de 80 ans.  Malgré que cet arrêt à Essipit est la seule fois que Tante Marie ait rencontré Michel, elle a, par la suite, toujours pris de ses nouvelles.  Avec son côté sympathique, Michel avait fait sa marque.  De nouveau pendant ce séjour, nous avons tant ri.  Un soir, après quelques cocktails, Michel a décidé qu’il ferait cuire le poulet sur le barbecue charcoal malgré qu’il n’avait pas de couvert.  Du papier d’aluminium ferait l’affaire.  Quelques heures plus tard et, évidemment, quelques cocktails plus tard, nous étions tous fort heureux d’avoir autre chose à manger…

Les derniers quelques mois de sa vie ont été fort difficiles.  Il était très malade, très souffrant d’un cancer du poumon et de troubles cardiaques.  Il avait beaucoup de difficultés à respirer et ne dormait que très peu. Je me sens tellement chanceux d’avoir eu le privilège de passer un peu de temps avec lui lors d’un de mes séjours au Québec.  Je suis allé dans sa cour, à Valleyfield, deux fois pour ce qui devaient être de courtes visites.  Les deux fois, j’ai quitté cinq heures plus tard après avoir partagé un repas et, encore, des souvenirs et des rires.  Ce matin, j’ai relu les quelques échanges textes que nous avons partagés pendant les dernières semaines de sa vie.  Il a encore réussi à me faire sourire et même rire. Il s’est moqué du grand âge d’un de nos amis communs. Denis a fait une chute dans l’escalier de son sous-sol et s’est brisé un poignet. Il s’en est quand même bien sorti mais les blagues sur le fait que ça fait plus mal à 63 ans qu’à 23 ans étaient même à point.

Michel Perrier était mon ami.  Il me manque beaucoup.